Je suis un rôliste des années 90 qui a commencé comme tant d'autres par les Livres dont vous êtes le héros. La collection Terres de Légendes (qui était en fait un JdR déguisé) m'avait alors laissé une curieuse impression : je ne comprenais pas comment y jouer, mais ça avait l'air drôlement bien ! En parallèle, je découvrais les jeux de plateau avec HeroQuest et Space Crusade, et lisais quantité de livres de fantasy et de SF dont l'inénarrable Seigneur des Anneaux.
Quelques années plus tard, un ami achetait Warhammer le jeu de rôle. Je pourrais dire qu'un nouvel univers s'ouvrit devant moi, mais je sens bien que j'étais alors déjà parti dans cette direction ; il était déjà trop tard pour moi ! Puis ce fut mon premier essai raté en tant que MJ avec JRTM, qui heureusement ne suffit pas pour m'arrêter. Je récidivai donc avec plus de succès avec L'Appel de Cthulhu, aidé par ses règles simples et ses scénarios courts.
Âgé de 14 ans, ayant envie de jouer davantage, je me trouvai un club près de chez moi. Je m'y fis ma place peu à peu, jouant de plus en plus, à tout et n'importe quoi, jusqu'à atteindre un rythme effréné de trois parties par week-end ! Inutile de dire que la qualité décrut en proportion, mais bon ça reste une bonne période où j'ai pu enfin échapper aux marches en famille au profit de longues journées ludiques. Ce fut aussi le temps des conventions annuelles avec leur lot de galères mais aussi leurs nuits blanches, leurs parties à plusieurs tables, leur café à 4h du matin...
C'est vers la fin de cette époque que j'ai acheté le JdR Agone et découvert la communauté internet prolifique qui tournait autour. Je me suis mis à écrire comme jamais, des nouvelles, des aides de jeu, des scénarios... Il y avait une véritable émulsion amatrice, c'était passionnant ! Mathieu Gaborit avait même commenté une de mes nouvelles, j'étais tout fou ! Puis certains ont réussi à intégrer l'équipe "officielle" et l'innocence a quelque peu vacillé face à une forme de compétition cachée où tout le monde essayait de placer ses textes en douce, moi y compris. Incroyable ce que le monde du JdR peut générer comme intrigues... J'ai finalement réussi à me faire remarquer, bien que trop tard. Après tout un imbroglio, j'ai pu écrire une partie du supplément L'Harmonde. J'étais heureux comme un pape, j'écrivais, mon boulot était apprécié, je tenais les délais... et puis Multisim a coulé avant que le supplément ne sorte.
Je montai plus tard sur Paris mais les rares personnes que je connaissais là-bas s'étaient éparpillées. Je manquai de rejoindre un ou deux projets qui n'aboutissaient jamais, des rumeurs faisaient revivre Agone une fois tous les ans, entretenant l'espoir fou de voir enfin sortir notre travail inutilisé, on parlait de la mort du JdR... Ça n'a pas empêché le fanzine Le Souffre-Jour de sortir, fruit du travail acharné d'une poignée de fervents. Je l'ai un peu accompagné, mais me suis vite rendu compte que je n'avais plus envie de bosser sur Agone.
J'ai donc laissé tomber le monde du JdR et me suis consacré à l'écriture de scénarios pour la TV (pour un résultat guère plus concluant mais ceci est une autre histoire). Incapable néanmoins de tirer un trait sur l'envie d'écrire des jeux, je me suis tout de même lancé dans quelques démarches, toujours en vain ; c'est un monde tout petit et les places sont chères !
Ce n'est que récemment que j'ai réussi à retrouver le chemin du JdR professionnel, grâce à Sans Détour. En quête de traductions, je leur ai envoyé mon CV et ai été immédiatement mis à l'essai. Les commandes se sont alors enchaînées de façon quasi miraculeuse, j'ai même eu l'immense plaisir de voir enfin sortir des livres sur lesquels j'avais travaillé ! Cela reste un travail de passionné demandant une part d'abnégation, mais j'ai vraiment été surpris par la simplicité de mes relations avec la maison d'édition, à mille lieues de ce que j'avais connu auparavant.
En parallèle, las de ne jamais pouvoir boucler une création personnelle, je décidai de mener jusqu'au bout un projet de JdR, de trouver un dessinateur et de vendre le produit fini au format pdf. Ce fut Les Errants d'Ukiyo, un jeu de 130 pages retranscrivant l'ambiance des films de sabre japonais. Il fut finalement mis gratuitement à disposition du public, mon dessinateur ayant subitement cessé de donner signe de vie (Romain, si tu me lis...), et remporta un succès inespéré auprès de ceux qui avaient eu la gentillesse de le lire.
J'espère bien continuer comme ça, travailler pour Sans Détour et peut-être retenter l'expérience du JdR vendu en pdf, cette fois avec un dessinateur vivant !
Si je devais citer quelques JdR qui me tiennent à cœur : Warhammer, Légendes des Cinq Anneaux, Agone, Rétrofutur (j'y ai même fait jouer !), Néphilim, Vampire, Final Frontier, Mutants & Masterminds, Qin, HeroWars. Là (juin 2010) je suis surtout sur D&D4, Burning Wheel, Mouse Guard et Starblazer.
Cette bio a été rédigée le 23 février 2010. Dernière mise à jour le 29 juin 2010.