Son premier orgasme visuel, il l’éprouve à 9 ans, avec le film Le monstre évadé de l’espace et ses images de tripes à l’air, d’hémoglobine et de pseudo-zombies. Et bien qu’il n’en comprenne pas toutes les subtilités, le métrage l’invite pour la première fois à poser des mots sur ce qu’il ressent.
À peine plus tard, après moult péripéties politico-sadiennes, il découvre le jeu de rôle. L’expérience fait littéralement bouillir, jaillir, *insérer ici un verbe trash* son cerveau. Il se dit à ce moment-là que l’imaginaire généré par ce truc-là risque fort de lui faire vivre et voir des choses fabuleuses, qu’aucune autre activité ne peut lui offrir (non, pas même celle-là bande de coquins).
Premières parties sur Shadowrun et Warhammer, premiers moments Kit Kat, cuir, moustache et Nutella, genre matelas en marshmallows avec piques intégrées. Ainsi, son adolescence l’immerge dans des univers incroyables où à jamais, imaginer veut dire s’évader. Assez rapidement, et comme Mahyar est un maniaque du contrôle, il passe du statut de simple mortel (soit PJ) à Seigneur-Tout-Puissant des Enfers (c’est à dire MJ, surtout sur Vampire, Cyberpunk et Shaan). Sadique, il aime torturer ses joueurs en construisant de manière scénique les parties : musique d’ambiance, grands gestes, voix et lumières changeantes... Il cherche l’art et la manière de raconter, et surtout, le sang et les larmes de l’assemblée.
Mais dans son insatiable envie de bouffer le monde, il décide que non, flûte, crotte de marmotte, ce n’était pas encore assez. Écrire devient pour lui une délicieuse expression, ne donnant aucune limite à son esprit pervers.
De toute son âme (s’il en avait une), il dirait sans doute un truc pénible comme « blabla Tout peut être ou disparaître sur une simple tournure de phrase, la langue française recèle tant de potentiel. Blabla Mais pour transmettre une pensée par le biais de l’écriture, il ne suffit pas d’échafauder quelques histoires. C’est là un don de soi au profit de l’expression. De la même manière, scénariser ne signifie pas avoir de bonnes idées, mais traiter une volonté d’amener un sentiment. Blabla Bien entendu, il faut du temps et de la détermination, mais c’est le lot de toutes les réalisations blablaBLA ! », tandis que son Moi Véritable lâcherait plutôt « Glace au chocolat », « LittleBigPlanet », « Jupe », et bien sûr « Salade de fruits jolie jolie ».
Son premier jeu ? PriaX, les Enfants de l’inhérence. Genre vrai de vrai, avec couverture dessin couleur, reliure béton, papier en soie de Laponie et tout le margoulin. Ce ne fut pas une charge facile – comme, vous dira-t-il, à chaque fois qu’il est question de ceinture de cuir et de menotte en poil de yack. L’univers en question exigeait la mise en place d’une réflexion cohérente – contrairement à cette biographie. Le projet apporta son lot d’expériences, Mahyar Shakeri ajouterait même : « Depuis, je ne cherche que ça… à la fois les défis et les rencontres, une constante dans mon envie d’apprendre et de partager ! Et à chaque fois, il faut oser, provoquer la chance, aller de l’avant et se surpasser. »
Oui je vous assure, il est aussi insupportable. Mais bref !
Au final, malgré toute la sueur et le sang versés dans des quantités de travail honteuses, et dans l’esclavagisme d’autant de pauvres joueurs martyrisés, il retient que l’effort, répété et acharné, permet de grandir. Enfin, encore un de ses trucs de hippie.
Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009. Dernière mise à jour le 24 mai 2015.