Depuis ma découverte du jeu de rôle dans les années 2000, j'ai la furieuse impression que ma vie y est dédiée. Lorsque je me passionne pour un domaine, la question de comment l'amener dans un scénario est toujours présente. Parfois le vice va plus loin et me pousse à me cultiver afin d'enrichir une simple description. Il m'est difficilement imaginable de maîtriser un jeu si je n'ai pas cerné le contexte historique, la technologie, les intrigues politiques... en somme, des heures de lecture. Pour attaquer l’œuvre de Lovecraft, il me paraissait indispensable de connaître a minima celles de Poe, de Baudelaire et de Maupassant. Avant de voir la trilogie du Seigneur des Anneaux, j'ai souhaité la lire, en commençant par le Silmarillon, à 13 ans (je suis quand même allé la voir au ciné, même si je n'avais pas fini mes lectures).
Je découvre le jeu de rôle sur table à la fin de mes années lycée, après des années passées sur les forums. À cette époque, je navigue entre ma ville natale de Belfort et un coin perdu du Jura où je commence mes études post-bac. Les deux jeux du début furent Warhammer 2 et D&D3.5. Propulsé à Metz pour compléter mes diplômes (et ma culture scientifique), j'y rencontre des piliers de ma vie rôliste dans le club de l'Épée Reforgée et dans la communauté du Petit Peuple. Je participe à l'écriture d'un webzine de critique de jeu, ce qui m'a permis d'effectuer une veille sur les sorties rôlistes, et d'en récupérer pas mal, en échange d'une critique de haute volée. Un bon deal pour un étudiant.
Quelques jeux me marquent durant cette époque : Capharnaüm et sa campagne légendaire (que j'ai mis huit ans à finir en tant que PJ, en trois tables et deux personnages), Terreur à Talabheim et la campagne impériale de Warhammer, Metal Adventures et sa campagne non moins légendaire (et Arnaud Cuidet), les Ombres d'Esteren, Cthulhu (ma préférence va pour le système Gumshoe), Kingmaker sur Pathfinder et la main rouge de désastre, Changelin (et Cyril, le meilleur MJ du monde à Changelin, parti trop tôt), le monde d'Eberron (avec une campagne longue, maîtrisée grâce à Fantasy Craft), et pleins d'autres (dont Luchadores, qui est sorti alors que je peaufinais mon propre système de jeu de catch).
Avec deux copains du lycée, on ouvre « Agatha », une super boutique de jeux à Belfort en novembre 2014 alors que j'étais encore en thèse à Metz. Cela permet de passer de l'autre côté du décor et de jouer encore plus. Du jeu, de la physique, de la politique et surtout de la musique. Bien que je ne sois pas musicien, Belfort est une ville de musique avec deux festivals de plus de cent mille participants : les Eurockéennes et surtout le FIMU. Un melting polt de culture et de musique. Et cette question : comment intégrer la musique dans le jeu de rôle ? Par des effets sonores ? Gadget. Par la diffusion de la musique ? Ouais, ça fait DJ, ça prend du temps et c'est pas ouf. Par la description de la musique ? C'est plat. Par des jets de Représentation (guitare) ? Wahou t'as fait 23, tu donnes un super concert.
Après ma thèse, je m'installe à Montpellier pour travailler, et prendre le temps de réfléchir à un nouveau système de jeu. En arrivant dans cette ville, j'étais convaincu de trois choses : il n'y a pas de bière (faux), il fait toujours chaud (faux, surtout quand tu arrives en février), les gens sont toujours à la plage et ne font pas de jeu de rôle (faux). Montpellier est une grosse ville de jeu de rôle. Deux mois après mon arrivée, en 2016, se tient la première édition du festival 100 % JdR : Au-Delà du Dragon. Je marque quelques points en gagnant le 1er prix de scénario (que je regagne en 2018). Et surtout, je tente d'intégrer dans mes parties des règles de musique. Ça prend du temps. Beaucoup de temps. Réinventer un game-play de duels tactiques qui ne soit pas tourné vers l'inévitable destruction des points de vie de l'adversaire. Après plusieurs mois, un système (sale !) est à peu près jouable. Je me lance : on a fait pogoter des hobbits ! ON A FAIT POGOTER DES HOBBITS ! (à la fête du printemps, merci Max). Ça marche ! Il y a encore beaucoup de boulot (3 ans) mais ça fonctionne.
En parallèle, je lance des campagnes et joue beaucoup. Une épopée à Metal Adventures et deux ans de Trône de Fer restent deux excellents souvenirs. Je (re)découvre le Monde des Ténèbres avec Loup-Garou et surtout Vampire (v5). Je lis pas mal d'articles et de livres théoriques de JdR : Dirty MJ 1&2, Jouer avec l'Histoire et la gamme Sortir de l'auberge. Je fais une partie d'initiation dans un blablacar (entre Montpellier et Lyon). J'utilise le jeu de rôle pour faire de la sensibilisation aux parcours de migrants, lors de "La Grande Parade Métèque". Et je croise Batro, à droite, à gauche, à Nouvel An et avec un sms : « Salut, il paraît que tu as un projet de jeu de rôle avec un groupe de metal. J'ai un système de jeu de duel musical. Ça te tente de bosser ensemble ? ». Après plusieurs mois à la limite de l'esclavage, beaucoup de concessions des deux côtés, on a Rotting Christ. On a enfin une campagne héroïque sans mort ni baston (ou presque). Je profite de l'écriture de Rotting Christ pour intégrer un système simple pour gérer les voyages : l'avancée inexorable.
Pour racheter mon âme, je bosse sur un projet : « Hors Coc00n ». Un triptyque dystopique qui aborde les thèmes joyeux que sont la migration, la maladie mentale et la guérilla urbaine. Le pdf est gratuit et le livre disponible en Print On Demand. (bientôt)
Je bosse actuellement (mai 2020) sur Maestro. C'est le système générique de duels musicaux, adapté version black metal pour Rotting Christ. L'objectif est d'en faire un système de jeu capable d'accueillir facilement des modules correspondant à chaque style de musique, et adaptables à presque tous les univers.
Cette bio a été rédigée le 2 mai 2020. Dernière mise à jour le 10 mai 2020.