Par Jérôme 'Ficheur fou' Bianquis
Rubrique : Reportages
Date : 26 juillet 2012
La Japan Expo, c'était cette année 208 000 visiteurs. C'était aussi quelques éditeurs de jeux de rôle, mais notre loisir était surtout représenté par un grand espace où parties de découverte et dédicaces étaient les mots d'ordre. Si Opale et la Ligue Ludique se chargeaient de l'organisation, le Grog était venu donner un coup de main. Si certains ont eu le courage de faire jouer les quatre jours, d'autres se sont limités dans leur temps de présence afin de se préserver la voix ou la santé mentale. El Presidente nous conte sa vision des choses.
Le monde des identités incertaines, voire doubles !
rrrrrrrrrrr bzzzzzz pshiiiiiiiit...
Ceci n'est pas une interruption de service. Le GROG vient d'acquérir une Dolorean qui permet à son acheteur (indice : pour cet achat, certes onéreux mais ô combien utile, il fallait quelqu’un ayant accès aux comptes du GROG) de revenir sur les précédents jours de la Japan !
Jeudi/Vendredi
Pas de bol : une journée de boulot de 15h la veille a eu raison de ma santé et m'oblige à rester un peu plus longtemps au lit le jeudi matin pour être sûr de tenir quatre jours. Et puis après tout, les visiteurs viendront surtout en masse samedi et dimanche non ?
Et bien non ! La raison est très simple et tient à l'âge moyen très bas des visiteurs, quelque part entre 15 et 25 ans. Et oui, ce sont les vacances, et lycéens et étudiants sont parfaitement disponibles pour venir dès le jeudi - c'est même pour certains le seul jour de possible avec le vendredi, pour cause de départ en vacances familiales le samedi.
Il ne faut pas longtemps pour remplir les premières parties, même s'il reste encore quelques tables de libres - mais pas de MJ. La licence marche fort, très fort. Et la licence la plus puissante du moment, c’est L'Anneau Unique, qui explose même largement Star Wars. Je viens de prendre un sévère coup de vieux... 4 parties jouées le jeudi pour ma part, 4 parties d'Anneau Unique (sur les autres jours, 9 parties sur 13).
JeF a choisi une autre approche, avec moins de parties, mais des parties autrement plus longues. Et encore, il n'a pas sorti son Ars Magica, mais fait un bel effet avec son Marvel. L’un des groupes reviendra même chaque jour pour jouer un nouveau chapitre de l’aventure.
Seule pause autorisée le jeudi, une petite heure pour s'isoler avec Roliste TV dans l'une des confortables salles de presse pour une petite interview. Ils reviendront le lendemain pour refaire une prise, la première n'ayant pas un son acceptable, mais alors en pleine partie, je suis obligé de leur fixer un rendez-vous pour plus tard. Apparemment très occupés eux aussi, je ne les reverrai pas, dommage...
pshiiiiiiiit rrrrrrrrrrr (vous voulez bien laisser cet almanach des sports là où vous l'avez trouvé ? merci) bzzzzzz... Retour dans l'espace temps normal !
Samedi 7 juillet 2012, le compte-rendu commence, car votre humble serviteur, pris par des considérations aussi bassement matérialistes que professionnelles, n'est arrivé que ce jour-là ! Pas de wifi, hélas, mais nous n'avons pas notre stand classique et donc pas de présentation du GRoG à faire.
Pour se mettre dans le bain, je joue une partie de découverte de Ryuutama mené par Guts' Gaëlle, surnommée pour l'occasion le dragon noir issu des enfers. Les joies du jeu en convention amène le départ subit des deux tiers des joueurs, mais on se sent mieux ensuite, et la partie se passe finalement bien. Puis c'est Barbarians of Lemuria à la chaîne en ce qui me concerne, par table de 6 joueurs pour le reste du week-end. Le stand d'en face est bien bruyant l'après-midi (Quartier web et ses rediffusions vidéos, que 40 boucs leurs lèchent les orteils). J. Scipion fait du Sombre, est sombre, pendant que Jai fait du Sketch ! le dimanche et de la japanim le reste de la manifestation. JeF renonce à organiser sur le pouce ses célèbres Ars Magica en blitz double aveugle pour débutants en huit heures, et se rabat sur le Trône de Fer, encore un univers simple, facile à faire découvrir et à faire jouer en format convention. Il découvre également Marvel en même temps que ses joueurs, toujours aussi acrobate !
Discussion inter-président avec Fabien Deneuville, que nous appellerons désormais Fabien D pour préserver son anonymat. Échange de vérités philosophiques et néanmoins associatives. Le reste du temps il fait du Teocali, mais le fourbe a une complice pour le relayer.
Christian, dit Chr, d'Opale, est redoutablement efficace pour trouver des joueurs dans les allées, les motiver, les répartir et leur proposer du Kult comme jeu d'initiation med-fan, pendant que Harley Quinn (l'artiste autrefois connue sous le nom de Mandoline) prépare des sandwichs aux épices "spéciales". Tous ceux qui en ont mangé ont ensuite un large sourire. Elle fait également et publiquement l'amour avec tous les Jokers qui passent. Ainsi se déroule un week-end très occupé sur le stand Opale.
Le soir, l'équipage décide de manger japonais, pour rester dans le ton du salon. Le fait d'avoir un plan Mappy sans GPS ne leur permettra pas de le trouver facilement. Et tout cela pour avoir un service long et désagréable...
Dimanche matin.
Brand, désormais surnommé "Mon Totoro chéri", et moi, manquons mourir dans un RER bondé, agréablement plongés jusqu'aux aisselles dans la moiteur humaine. Discussion sur l'édition de JdR en France et les états d’âme des éditeurs, ainsi que sur des sujets confidentiels, réservés à la très secrète section adulte du Grog. Il fait ensuite du Guts... y compris avec mon neveu.
Slawick, dit "les cordons de la bourse", fait publiquement une étude appliquée sur les mérites comparés des héros DC et Marvel. Brunal est là le dimanche, et discute informatique avec JeF. Si les parties de Med-Fan étaient les plus demandées, des amateurs de SF (ou des téméraires, selon ce qu'on en pense), on pu aussi découvrir Traveller.
Une MJ que rien n'arrête mène avec ardeur du Lanfeust de Troy, avec un rythme de stakhanoviste. Encore et toujours du med-fan !
Le GRoG n'est visible qu'à travers un écusson au mur et à ses meneurs, porteurs fiers et hardis de T-shirts, chemises et casquettes. C'est peu. On se console en se disant que nous sommes là pour aider le JdR, pas le GRoG, et que c'est conforme à notre objet social. Débat interne, puisque nombre de responsables sont là, sur une bannière pas trop chère, verticale avec support type Kakemono. Et sur la répartition des crochets en S dans les différents lots de matériel de convention. La vie passionnante des officiers du GRoG en réunion, quoi.
Les cosplays sont multiples, divers et variés. Certains sont plus élaborés que d'autres, certains plus risqués aussi, et parfois même quelques-uns qui sont vraiment une mauvaise idée. De même, des panneaux Free hugs en pagaille, mais l'offre paraît plus ou moins intéressante suivant les cas. Un site de rencontre pour geek organise du speed dating.
Dans mes joueurs : un père et sa fille ado, deux cosplayers yaoi, des jeunes bourrins, etc.
Bloodlust Metal existe, je l'ai vu, et j'ai même vu Le Grümph le dédicacer en série. Non ce n'est pas une légende urbaine, Bloodlust est sorti, en un beau et épais volume au format typique de John Doe.
La princesse Elise, accompagnée des demoiselles de compagnie - illustratrices Fnou et Luna, font des dédicaces Manga No Densetsu, pendant que son altesse le prince consort fait des parties de démonstration. Dédicace également chez Esteren, en lien efficace avec les parties de démonstration de la Ligue. Les Ecuries d'Augias font de même coté Opale un peu plus tard.
Le flot continu des départs ne semble même pas vider les allées avant 18h30, preuve d'une sacrée affluence. Les quais du RER sont bourrés à craquer. On se demande, en cas d'éternuement, combien de chutes sur la voie.
Dimanche en fin de journée la Ligue ludique de Paris offre le champagne pour fêter ses 5 ans d'existence. Une saine émulation a régné tout le week-end entre la Ligue ludique et Opale, sur la question du nombre de joueurs accueillis. 478 joueurs accueillis par la Ligue en 4 jours, d'après leur décompte de fin d'événement. Opale fait un débriefing plutôt positif de cette Japan Expo dans laquelle elle a accueilli 1167 joueurs, dont 647 débutants d'après ses décomptes.
Mais parfois les MJ ont manqués des deux côtés, en dépit des efforts d'anticipation et de planification. Il y a toujours, parmi ceux inscrits au planning d'origine, des absents, avec ou sans raison, des retards, des coups de fatigue. Tout le monde reste tributaire du bon vouloir des MJ bénévoles. Quant aux auteurs, ils se partagent souvent entre plusieurs activités.
En tout cas, je n'ai entendu que des bilans positifs, des auteurs, des MJ, des associations et des joueurs de passage, sans oublier des mangeurs de sandwichs.
Bref, c'est quand qu'on s'inscrit pour la prochaine ?
Et le reste du salon alors? Un encart concocté par votre trésorier préféré !
La première constatation qui vient à l'esprit au visiteur de la Japan/Comic Con, c'est la distance depuis la capitale. Bien que située en Ile de France, Villepinte, c'est la grande, grande banlieue de Paris ! Tout s'explique une fois sur place. Le salon est absolument immense. Pour les rôlistes habitués au Monde du Jeu, c'est carrément le choc. La différence est même sans commune mesure avec le FIJ de Cannes.
Cet impressionnant espace, partagé à parts pas du tout égales entre la Japan et la Comic Con (80/20, au mieux), justifie déjà un peu mieux le prix d'entrée et présente plusieurs avantages quant au contenu proposé.
Le premier concerne la variété des médias. La Japan n'est pas un salon de BD mais un salon sur les cultures mangas et comics au sens large. Outre le 9e art, on y trouve donc illustrations, gadgets et produits dérivés, jeux vidéos, musiques et bien sûr jeux traditionnels, entre autres choses.
Chacun de ces médias s'exprime par ailleurs par une multitude de moyens. Les éditeurs viennent bien entendu présenter (et vendre) leurs œuvres et produits, mais ces derniers sont aussi exposés sous la forme de galeries (plusieurs expositions artistiques), de séances de dédicace des auteurs, de conférences ou encore de prestations lives - de nombreux concerts sont ainsi proposés durant les quatre jours.
Les costumes sont bien entendu aussi de la partie. Une part non négligeable des visiteurs est venu déguisée. La variété est au rendez-vous et les costumes simples côtoient les plus sophistiqués, le kawai (Pokemon, Mario...) côtoie le baroque et le gothique, le bon goût alterne avec le plus kitsch. L'implication impressionnante des visiteurs participe grandement à l'ambiance joviale et bon enfant de l'événement.
Le second avantage de cet immense espace tient aux exposants eux-mêmes. Si les grosses structures sont présentes, notamment chez les éditeurs, le salon étale pléthore de petites structures et d'indépendants. Il est ainsi possible de trouver regroupés dans le même lieu des oeuvres et produits que l’on croise très rarement autrement.
On peut toujours arguer qu’avec Internet l’argument de cet avantage ne tient pas trop. Mais encore faut-il en connaître leur existence, ce que permet justement la Japan. Et puis rencontrer les créateurs ou assister à leur conférence prend tout de même une autre dimension qu’un simple achat sur le net.
Certains esprits chagrins regretteront le côté mercantile totalement assumé de la plupart des exposants. Mais après tout, si c'est le prix de la survie du salon, et si c’est dans d’aussi bonnes conditions, pourquoi pas?