Doué d'un admirable sens de l'avancée en zig-zag, tel le pochtron moyen, j'ai bien évidemment effectué mes études dans l'un des bastions de l'alcoolémie française ; j'ai nommé, la Bretagne.
Fatigué du cidre, repéré à vie dans tous les bars de la Rue de la Soif, je me suis enfui pour rejoindre une joyeuse bande de gais lurons tout habillés de vert kaki, et se regroupant gaillardement sous le doux sobriquet de "46° Régiment d'Infanterie, garde à vous !....". Je me souviens ému, que tout ceci se passait à Berlin, encore Ouest à l'époque. On m'envoya garder une grande barrière toute de béton, sans doute là pour empêcher les troupeaux de se mélanger, mais bon, manque de bol, j'ai dû m'endormir, bref, y a eu un trou chef ! Nous étions en 1989 ; le Mur (ce con), avait attendu que j'arrive pour se casser la gueule...
Finalement libéré après un an de détention féroce (je suis sûr que c'est en rapport avec ce foutu mur), je rejoignis ma Bretagne natale, où, entre berger de bulots ou gardien de menhirs, je choisis de devenir informaticien en région parisienne.
Tournant le dos à la mer, j'entrai d'un pas léger dans la merd.... Ah, Paris, son stress, ses voitures, son stress, ses p'tites femmes, son stress, le coût de la vie, son stress... Bref, je fis "cliclicliccliclic" durant plus d'un an (la taupe génération, c'était les 486, oui Môssieur !), et puis bon, je me dis que la vie c'était pas ça, que bon, devait quand même y avoir des boulots plus bronzants, quand même, non ?! Donc je devins chômeur !
Par un curieux hasard, je tombais encore plus bas que chômeur, et je devins travailleur social. Durant des années, sur la région de Cergy Pontoise, j'édé des anfants ki avé des problaimes en aurthografe à l'ékole. Enfin, pas que ça, mais bon, dans l'essentiel, c'était ça. J'espère que vous suivez.
Toujours plus haut, toujours plus loin. Je devins volontaire humanitaire, et m'envolais pour des destinations rares et exotiques comme : Nordrach en Allemagne, Mery sur Oise, Marseille, Colmar, Bruxelles, Heerlen etc... Avec le bol qui me caractérise, tu crois qu'ils m'auraient envoyé m'occuper des pauvres sous les tropiques !? Non, rien du tout, il a fallu que je reste en Europe, car il y avait aussi des pauvres sur place. Je vous rassure ; c'était bien avant l'euro.
Enfin, fatiguée de toutes ces conneries, ma future épouse vint me chercher (j'étais alors à Marseille), et me ramena à coups de pieds dans l'arrière-train sur Strasbourg (pouvait pas habiter Miami celle-là ?!), où je fis encore quelque bêtises comme responsable de secteur jeunesse dans une maison de quartier, puis gérant de cyber-café.
En 2000, avec le changement de chiffre devant les trois autres, je décidai de tout envoyer chier (ça c'est bon !), et ouvris ma boîte d'édition favorite : la Boîte à Polpette. Et comme elle ne me nourrit pas, je bosse comme ch'ti n'ouvrier dans les usines pour intérimaires, et finalement, la vie suit son cours.
Si cette histoire vous a ému, vous pouvez toujours m'envoyer vos chèques, je ne vous ferai pas la gueule...
Et le JDR dans tout ça ?....
Ben oui, c'est vrai ça ! Et le JDR ?
Il ne m'a jamais vraiment quitté dans le parcours, en fait. J'ai commencé à y jouer en Bretagne, au lycée. On a commencé avec des règles photocopiées totalement bidon de D&D mélangées à je ne sais toujours pas quoi. Mon premier perso, c'était un Druide... Hobbit ! C'était super chiadé ! On se goinfrait d'objets magiques et de monstres aussi improbables que crétins !
Ensuite, c'est la spirale infernale : après les parties entre potes, je rentre dans un club (les Hussards d'Isengard, salut les potes). A l'armée, je rencontre d'autres joueurs et on se fait du Stormbringer (un peu - Salut Manu). En région parisienne, je rejoins un autre club (la MGWA - salut les aminches). Sur Colmar aussi (salut les zouaves). Et au final, je joue régulièrement sur Strasbourg, avec un petit groupe d'amis (comme quoi, on en revient toujours aux sources !).
Dans tout ce bric à brac, j'ai finalement joué à pas mal de jeux, mais le plus souvent à ADD (j'en suis resté à la première édition !). Pas par racisme, mais parce que je suis vite devenu meneur, et que bon, j'ai pas les moyens de me payer tous les jeux du marché ! Que ça ne vous donne pas une excuse pour ne pas acheter les excellents produits de la BAP ! Tiens, je m'amuse un coup : j'ai joué à D&D, ADD, COC, INS / MV, Animonde, Zone, Les Trois Mousquetaires, Rêve de Dragon, Pendragon, Maléfices, Stormbringer, Warhammer, JRTM, GURPS, Outlaws, Pirates, Paranoïa, Compagnie des Glaces, Star Wars, Heavy Métal, Marvel Super Héros, Villains & Vigilantes, Vampire, Shadowrun, Hawkmoon, Robotech, Méga, Toon, et j'en oublie certainement un bon paquet. Bon, je peux pas dire que je me suis éclaté à chaque fois ! Mais la diversité, c'est frais (des fois !).
J'ai aussi créé plusieurs jeux. Quelques-uns juste pour le fun : Exécuteur 78 ou encore le savoureux MAM (Mouches à Merde). Et d'autres sur lesquels j'ai plus bossé : PRIVILEGES et TSALIAR.
En 1993, PRIVILEGES fut présenté au FSO de Toulon, au concours de création de jeux. A ma plus grande joie, il remporta deux prix : celui de la meilleure création originale, et celui du jeu le plus éditable. Comme c'étaient les éditeurs de l'époque qui me le remettaient, j'étais vraiment aux anges. Mais curieusement, personne ne voulut l'éditer ! Pour les boîtes françaises, l'époque était beaucoup plus à l'auto-édition, et survivre était dur. D'ailleurs, à part Siroz, je ne sais pas s'il en reste.
Ça m'a quand même bien fait chier ! OK, je comprends qu'ils ne pouvaient pas éditer mon jeu, puisque c'était déjà assez dur pour eux, mais alors pourquoi une telle mascarade de concours ?! J'ai pas dû être le seul à me poser ce genre de questions, car ces concours de création, fréquents à cette époque, ont largement disparu aujourd'hui du paysage des conventions françaises.
Au final, 8 ans plus tard je fonde la BAP (la Boîte à Polpette), dont vous trouverez l'excellente biographie en fouillant bien !
Voilà, quoi vous dire d'autre ?
Il est clair que mon rêve (plus trop secret maintenant) est d'arriver à vivre de la BAP. Pas pour en devenir riche (enfin bon, si vous insistez...) mais surtout pour pouvoir m'y consacrer à plein temps. Relire des textes, monter des bouquins, écrire des textes, tout ce boulot (ah oui, ça je vous jure que c'est pas pour les fainéants !) me plaît. Et puis je dois dire que c'est super sympa de bosser avec des auteurs qui vous sont reconnaissants de vos efforts, on a vraiment pas l'impression de bosser pour rien.
Peut-être qu'on aura l'occasion de se parler un ces quatre. Alors à très bientôt, qui sait ?!.....
Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009. Dernière mise à jour le 9 mai 2009.