Livre de 160 pages à couverture souple, plus un insert de 8 pages couleur et une carte couleur en encart (40 cm x 27,5 cm) représentant la Californie de 2057.
Ce supplément présente la Californie en 2057 dans le contexte de Shadowrun. La Californie est devenue à cette date une nation indépendante mais entourée de voisins hostiles (Tir Tairngire, les Nations des Américains d’Origine, Aztlan et le Japon Impérial) – sans compter le souhait des UCAS, héritier des Etats-Unis d’origine, de rattacher à nouveau cette région à l’Union.
Ce guide propose donc de faire un tour géographique de cette contrée agitée. Après une page de couverture intérieure, le sommaire sur une page et les crédits sur une autre page, le supplément débute par une introduction (4 pages) où l’on retrouve notamment un extrait du Shadowland qui présente les dernières actualités de 2057. Cela permet d’enchaîner sur le chapitre suivant, The California Question (4 pages) qui s’ouvre sur un discours politique du General Franklin Yeats sur la question du rattachement du California Free State à l’UCAS, agrémenté des commentaires habituels postés sur le Shadowland. Le supplément continue ensuite par la traditionnelle introduction du fameux Captain Chaos (Free State Fast Facts, 8 pages) et fournit notamment quelques informations et statistiques sur l’état de la Californie en 2057 (comment s’y rendre, population, coût de la vie par rapport aux standards de Seattle, ville de référence de l’univers de Shadowrun, etc.). La partie suivante est la description des 6 grandes zones géographiques composant la Californie.
La première, Northern Crescent (16 pages), est la zone frontalière avec Tir Tairngire qui correspond à l’ancienne séparation avec l’état de l’Oregon même si la frontière est depuis disputée par la nation elfe du Tir. Bien que le gouvernement du nouvel Etat Libre de Californie soit depuis basé à Sacramento, on apprend que cette partie géographique échappe à son contrôle et en fait un lieu de prédilection pour les Shadowruners. Cet endroit subit par ailleurs de fortes tensions raciales, notamment anti-elfes, en raison des prétentions territoriales du Tir. Ce chapitre se conclue sur la présentation de la ville de Redding, la principale agglomération, et l’enclave Shasta du nom d’un volcan que le dragon Hestaby a annexé et s’est depuis installé.
La seconde partie, Central Valley (16 pages), décrit le cœur de la Californie qui est principalement une région agricole. Dans le contexte de Shadowrun, la Central Valley est en proie à une lutte permanente entre les petites exploitations qui veulent rester indépendantes et les megacorporations qui cherchent à s’emparer des terres pour établir des conglomérats agricoles. C’est dans cette partie que sont abordées aussi les luttes pour la maîtrise de l’eau (Water Wars) en raison des réserves naturelles de cette zone et du déficit aquifère de la Californie en général. Le chapitre se conclue avec la description de Chico-Orroville et le racisme meta-humain qui y règne.
La troisième partie, San Francisco Bay Area (20 pages), aborde la ville de San Francisco devenue une enclave du Japon Impérial. Un historique rappelle d’abord comment cette situation inattendue s’est produite, lorsque la Californie est devenue indépendante et s’est détachée des UCAS. Puis, la vie quotidienne sous juridiction japonaise est détaillée, notamment la présence des yakuzas et la discrimination en vigueur contre les meta-humains, contraints de se réfugier à Oakland ou Berkeley. La description géographique s’étend aux villes environnant San Francisco, mais aussi au combat qui continue pour tenter de chasser le Japon du territoire de Californie.
La quatrième partie, Big Sur Coast (13 pages), s’attarde sur la côte Pacifique entre Los Angeles et San Francisco. La principale activité de cette région est l’aquaculture, terrain d’affrontement entre les corporations et les écologistes qui tentent de préserver les fonds marins. En raison de la faible présence des autorités de l’Etat, la côte Pacifique est aussi le refuge d’activités de piraterie. Les trois factions principales sont décrites brièvement : la bande de O’Malley, celle de Captain Monday et celle de Paco Ramirez.
La cinquième partie, Los Angeles (22 pages), est naturellement consacrée à la ville de LA, devenue elle-même indépendante du pouvoir central de Sacramento et désormais divisée en plusieurs quartiers, certains étant lourdement protégés (Studio City, UCLA, Fun City, etc.) et d’autres livrés aux gangs et à la loi du plus fort (Harbor, El Infierno).
La sixième et dernière partie, Mojave Desert (15 pages), change complètement d’ambiance et rappelle que la Californie est étendue car elle présente la zone couvrant notamment la Vallée de la Mort, dominée par un climat désertique et un environnement extrêmement hostile. Après avoir donné quelques considérations sur les conditions de survie dans le désert, on nous détaille les rares habitants qui peuplent cet endroit : tribu des Anasazi, bases militaires, bandes errantes… Des éléments concernant la faune et la flore complètent ces informations. Le chapitre se termine sur plusieurs lieux remarquables où la magie est particulièrement puissante, voire inquiétante : le cratère Ubehebe, l’oasis de Saratoga, la Mine Oubliée (Lost Mine) et la forêt des arbres Joshua (Joshua Tree National Monument).
Après avoir abordé les grandes régions de la Californie, le supplément se conclue sur deux derniers chapitres :
Un index de 2 pages et une publicité d’une page sur un roman Shadowrun clôture cet ouvrage.
Cette fiche a été rédigée le 20 août 2014. Dernière mise à jour le 20 octobre 2014.
Publié en 1996, soit quatre ans à peine après les émeutes de Los Angeles de 1992, la Californie de 2057 présentée dans ce supplément reste très marquée par cette actualité alors encore proche.
L'Etat Libre de Californie est donc décrit comme un état où le racisme est très présent, pas seulement à Los Angeles ou du fait des autorités, mais parce qu'il est ancré dans les mentalités pour plein de raisons différentes.
Comme on est à Shadowrun, ce racisme a naturellement évolué de la couleur de peau vers une opposition humain / metahumain. Mais ce parti pris des auteurs est tellement répétitif tout au long des pages - malgré les différentes ambiances décrites (frontière avec le Tir, quartiers de Los Angeles, zone de San Francisco etc.) - que cela contribue au plantage général de ce supplément. On a en effet plus le sentiment de lire un guide sur les Etats Confédérés du Sud que sur la Californie telle qu'on se la projette aujourd'hui, ou même qu'on se la projetait il y a 20 ans (malgré les tensions racistes indéniables, la Californie donne plus l’image d'un état aux mœurs libres que réactionnaires).
L'autre écueil que ce supplément ne parvient pas à franchir est d'avoir tenté de décrire une région. Or l'exercice se révèle mal maîtrisé : le contenu est forcément moins diversifié qu'un guide continental comme le guide sur l'Amérique du Nord (malgré la tentative de décrire 6 zones géographiques distinctes mais j'y reviens), et forcément moins détaillé que le guide d'une localité comme celui de Seattle. Le positionnement entre-deux de ce supplément fait donc plouf. Mention spéciale aux tentatives de descriptions de quelques villes (Redding, Chico Orroville ou LA) expédiées en quelques pages sans intérêt, quand elles ne versent pas dans la caricature (cf. les quartiers de LA).
Enfin, le dernier problème intrinsèque est qu'il a été écrit par un collectif d'auteurs et coordonné de façon brouillonne. Façon d'illustrer la situation quasi-anarchique qui règne dans la Californie de 2057 ? La conséquence est surtout d'enchaîner des chapitres soporifiques et similaires où, malgré les panoramas de régions bien spécifiques (côte Pacifique, zone frontalière avec l'Oregon devenu le Tir ou mégapole de Los Angeles), on nous bassine avec les relations raciales que j'évoquais déjà, ou la description de zones de non-droit qui finissent toutes par se ressembler.
A l'arrivée, on assiste donc à un beau ratage pour un supplément qui aurait pu être magistral. En effet, le mérite de la zone couverte est qu'elle est vaste et diversifiée (rappelons que la Californie fait 3/4 la France). Grâce à cette richesse, elle est plongée dans une situation géopolitique aux enjeux majeurs pour un contexte cyberpunk : guerre de l'eau, conflits pour le contrôle des terres agricoles (ce qui permet d'envisager des runs en terrain rural qui risquent de surprendre vos joueurs aguerris aux contextes urbains : elle est où la borne pour se connecter à la matrice ? à 17 km !). Sans parler de ce qui est spécifique à Shadowrun : les manoeuvres des UCAS, les tensions avec les NAO, les complots des elfes de Tir ou le Japon Impérial.
Bref, tout était réuni pour faire de ce guide un supplément majeur de la gamme. L'état d'anarchie de la Californie liée à un pouvoir central trop faible offrait une excellente perspective pour créer un décor oscillant entre les résurgences du Far West d'origine, et un cadre à la Mad Max. San Francisco avec l'occupation japonaise aurait dû être un morceau de choix. Et Los Angeles, la reine des mégalopoles dans le monde ultra urbanisé de Shadowrun ! De tout cela, vous n'aurez rien, à part le concours de platitudes auquel les auteurs se sont livrés entre eux.
Pour vos prochains runs, vous pouvez donc passer votre chemin et rester à Seattle.
Critique écrite en août 2014.
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