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Le bon, la brute et le meneur de jeu

Serments du Riddermark (Les)

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Références

Contributeurs

Contenu de l'ouvrage

Matériel

Livre à couverture rigide de 144 pages.

Description

Les Serments du Riddermark (Oaths of the Riddermark) est un recueil de six scénarios qui s’inspirent fortement des informations contenues dans le livre Cavaliers du Rohan (Horse Lords of Rohan). Les événements sont prévus pour se dérouler dans la période qui suit l'année 2955. Ils peuvent être joués indépendamment ou alors en tant que mini-campagne. Ils se passent dans le Rohan, durant le règne du roi Thengel, le père de Théoden. Ces scénarios ont tous été écrits pour un groupe de jeunes cavaliers du Rohan, ou bien de héros encore novices qui se retrouveront rapidement au service du roi Thengel.

Tous les scénarios suivent la même construction et commencent par une introduction sous forme de questionnement : Quand ? Où ? Quoi ? Pourquoi ? Qui ? Les réponses à ces questions permettent d'appréhender en quelques lignes les tenants et les aboutissants de l'aventure. Toutes les parties constituant la Phase d'Aventure sont ensuite résumées en quelques lignes. Un épilogue clôt chaque scénario.

Des encadrés émaillent le corps des scénarios. Ils précisent des points de règles ou des options narratives aussi divers et variés que « Suggestion de périls – Nez à nez avec les Orques » ou « Nouvelle entreprise de Communauté – ouvrir un sanctuaire à Stanshelf ». Les scénarios vont globalement crescendo en difficulté ainsi qu'en durée.

Le livre s'ouvre sur une carte du Rohan reproduite sur le deuxième de couverture et la première page. Puis on trouve les pages de titre, de crédits et de sommaire (3 pages pour le tout).

Une introduction de 3 pages présente un synopsis de chacun des six scénarios qui composent le recueil. L'introduction comporte aussi des conseils de gestion du temps notamment si le Gardien des légendes désire jouer les scénarios dans l'ordre pour en faire une campagne. Elle signale une contrainte : l'impératif d'avoir au moins un personnage rohirrim dans la compagnie des personnages.

Les six scénarios mènent la compagnie à travers le Rohan, des Marches de l'Ouest à Estemnet. Elle passera par Edoras et par les Montages Blanches. Par contre ni Isengard ni Fangorn ne jouent de rôle dans les scénarios. 

Dans Du Sang sur la Neige (12 pages, en VO Blood in the Snow), les personnages sont envoyés par le préfet d'Edoras résoudre un crime ayant eu lieu dans une ferme isolée dans les contreforts des Montagnes blanches. Ils traqueront une horrible bête et croiseront un groupe de Dunlendings avec lesquels ils pourront s'associer. Pensé comme un scénario d'introduction assez simple, Du Sang sur la neige permet aux personnages d'asseoir une certaine réputation et d'être remarqué par la couronne.

Dans À l'Aube de Journées Sanglantes (27 pages, Red Days Rising) la compagnie va être invitée à la table du roi Thengel pour y discourir sur les vertus qui trouvent grâce à leurs yeux. Ils auront l'occasion d'apprendre que les deux maréchaux de la marche, Eogar et Cenric, sont mutuellement en froid. Le roi Thengel va leur annoncer son projet d'unir par un mariage deux des capitaines des deux maréchaux : Esmund et Mildryd la Protectrice. Ainsi Éogard et Cerwin se verraient nécessairement réconciliés. Les personnages vont partir rencontrer Éogar et Cenric pour leur signifier la volonté royale. Ils seront amenés à rendre des services aux deux maréchaux et à gagner leur confiance.

Dans La Rage des Cavaliers (20 pages, en VO Wrath of the Riders) la compagnie est envoyée par Éogar à la Trouée du Rohan pour y proposer aux Dunlendings une trêve voulue par le roi. Les personnages y constateront l'humanité de nombreux Dunlendings et rencontreront le redoutable Clan du Fer. Ils seront incités par une sorcière à se confronter à un esprit des marais et gagneront peut-être la gratitude du Clan du fer.

Dans Noires Montures, Noirs Desseins (22 pages, en VO Black Horses, Black Deeds ), les héros sont envoyés par Cenric aux frontières orientales du Rohan, vers les collines d'Emyn Muil, pour y percer à jour une histoire de voleurs de chevaux. Ils y réaliseront que les agents du Mordor sont présents dans la Marche et s'y livrent à de sombres trafics.

Dans l'Ombre de la Dernière Montagne (18 pages, en VO Below the Last Mountain), la compagnie partant de Grimslade, près des Gués de l'Isen, va partir au secours de villageois dunlending et de marchands rohirrim attaqués par des orcs des Montagnes Blanches. Ils devront les libérer après avoir défait les orcs, tout en évitant une autre horde, plus dangereuse encore.

Dans Les Malheurs de l'Hiver (19 pages, en VO The Woes of Winter) la campagne atteint son climax : le mariage entre Esmund et Mildryd est organisé à Edoras en présence des deux maréchaux et sous l'égide du roi Thengel lui-même. Les personnages devront éviter que plusieurs rebondissements malvenus ne fassent échouer les noces, puis mobiliser les Rohirrims lorsqu'un danger beaucoup plus grave va apparaître. La capacité de faire coopérer de bon accord les deux maréchaux dépendra notamment du succès des aventures précédentes mais l'issue de la grande bataille reste ouverte.

Deux appendices sont fournis (14 pages) : Une liste des personnages du scénario à destination du Gardien des Légende, et six personnages prétirés, tous Rohirrims.

Puis on trouve un index de 3 pages et une publicité recto-verso pour les autres livres de la gamme de l'Anneau unique.

Le verso de la dernière page et le troisième de couverture proposent une carte du Rohan, mais quadrillée cette fois, et avec les itinéraires prévisibles qui devraient être suivis durant les différents scénarios.

Cette fiche a été rédigée le 4 avril 2020.  Dernière mise à jour le 13 novembre 2023.

Critiques

Avangion  

Pour donner plus relief et matière à jouer à ses suppléments régionaux, la gamme de L'Anneau Unique associe chacun de ces-dits suppléments à une recueil de scénarios se tenant dans la région en question. Les Serments du Riddermark est tout simplement le recueil de scénarios pour Les cavaliers du Rohan : il joue à peu près le même rôle que par exemple Les Vestiges du Nord pour Fondcombe. Toutefois, si certains scénarios des Vestiges du Nord ou des Contes et Légendes des Terres sauvages pouvaient être reliés pour constituer une petite campagne, Les Serments du Riddermark constituent en fait explicitement une vraie campagne s'étalant sur six scénarios.

Un point de départ stimulant

Dans le premier scénario, « Du sang sur la neige », les personnages commencent à asseoir leur réputation chez les Rohirrims et à devenir des hommes de confiance du roi Thengel, et dans le dernier, « Les Malheurs de l'Hiver », ils en viennent à sauver le Rohan et son royaume d'un assaut menaçant venu des Montagnes blanches. Parcourant les six scénarios, il y a un fil directeur à savoir la réconciliation des maréchaux de la Marche du Rohan, Éogar et Cenric, en froid pour une sombre histoire de meurtre et de wergeld (« prix de l'homme ») non payé. Voilà un point de départ stimulant qui a en plus le mérite d'ancrer la société des Rohirrims dans ses modèles germaniques et anglosaxons, dans leurs faides et vendettas.

Il s'agissait des sociétés où l'on ne se proposait pas de rendre la justice au sens moderne du terme mais plutôt de laver l'affront fait à un clan ou à une famille. D'ailleurs Les Serments du Riddermark usera aussi beaucoup de ses références tirées de l'histoire réelle : rixe orale codifiée (flyting), pillages entre peuples et clans rivaux, coutumes d'épousailles folkloriques… il y a une saveur historique qui me plait personnellement beaucoup dans tout cela. Au-delà des réserves qu'on peut avoir envers le reste de l'ouvrage, il y a matière à de très bons moments de jeu de rôle si, notamment, l'on a à sa table des joueurs sensibles à cette atmosphère et les capacités d'en retranscrire la place de l'oralité exubérante. Le seul bémol toutefois : les PJ sont quasiment toujours amenés à jouer le rôle de temporisateurs face aux différents clans de Rohirrims et de Dunlendings. D'une certaine manière ce sera un carcan qui pourra peser. Ils n'auront pas tant le verbe haut qu'apaisant.

Linéarité extrême

Et l'on peut arriver au premier gros reproche à faire aux Serments du Riddermark : une linéarité extrême. Malgré l'existence de seconds choix secondaires, les grands axes sont imposés franchement. Et de la manière la plus grossière qui soit : le roi ou un des maréchaux de la Marche confie aux PJ telle ou telle mission. Les personnages non joueurs les accompagnant auront très peu de rôle à jouer. Certes, lors des scénarios les auteurs proposent telle ou telle option pour casser le dirigisme global, mais à vrai dire, à les scruter de près, on réalise que beaucoup sont tellement peu vraisemblables qu'il y a bien peu de chance que les joueurs ne sortent des rails.

Invraisemblances à foison

Deuxième reproche à faire : si l'amorce semble intéressante et que cette reconciliation entre Éogar et Cenric apparait comme un bon ressort narratif, elle souffre de deux défauts. Le premier est qu'elle fait apparaitre le roi Thengel comme extrêmement faible : il semble incapable de pouvoir imposer sa justice, la sanction du coupable et le paiement du wergeld, soit la fonction justicière cardinale dans les royautés. Cela semble bizarre : il est un souverain légitime et non un simple régent. Pour réconcilier ses maréchaux, il doit en venir à imaginer un subterfuge : imposer le mariage de Mildryd, une cavalière de la suite d'Éogar, et Esmund, le neveu de Cenric et un de ses capitaines. Le mariage réconcilierait ainsi les deux maréchaux et le royaume consolidé.

Mais on se demande bien pourquoi : les rancœurs personnelles ne devraient pas disparaitre pour autant et ce d'autant plus qu'il est bien expliqué que les deux maréchaux ne sont pas dupes des désirs du roi. Par ailleurs, Cenric n'apprécie pas Esmund et on l'on voit mal pourquoi le mariage de ce dernier l'engagerait tant que ça. Quant à Mildryd elle n'a pas de lien de parenté avec Éogar, même si ce dernier l'apprécie manifestement beaucoup (mais c'est dit très rapidement et ces liens d'affection ne sont pas du tout travaillés). Si au moins, les deux promis étaient les enfants directs des deux maréchaux, ils seraient nécessairement engagés par le mariage ayant cours mais là ce n'est pas le cas. Tout ceci semblera assez invraisemblable aux joueurs.

Des personnages non joueurs insignifiants

Mais le pire est sans doute le traitement de ces deux figures contraintes à un mariage politique. Mildryd et Esmund ont perdu leurs conjoints de manière précoce ce qui a dû les bouleverser. Et ils semblent avoir eu jadis un sentiment amoureux l'un envers l'autre, dans leur jeunesse, avant de faire des mariages de raison. Voici un contexte intéressant, permettant de dépeindre des personnages hauts en couleur, traversés de puissants sentiments sans doute contradictoires. Finalement il n'en sera rien : Esmund et Mildryd sont insignifiants et traversent l'histoire (qui devrait être leur histoire) comme des ombres. À défaut d'une grande histoire, tissant politique et passion, sentiments et intérêts, on aurait au moins pu avoir de solides scénarios, plaisant à jouer.

Des intrigues convenues

En fait, entre le premier scénario et le dernier, les personnages vont se contenter de résoudre des quêtes aux enjeux peu engageants : faire arrêter un bande de voleurs de chevaux, traquer des pillards orcs, éliminer un troll des neiges… À vrai dire, il n'y a peut-être que le dernier scénario qui voit le mariage organisé (car quoique fassent les joueurs avant, il le sera évidemment) qui prenne une dimension épique, même si c'est de manière extrêmement artificielle à travers l'apparition d'une horde d'ennemis orcs à la puissance quand même bien surprenante. La platitude de ces scénarios très linéaires et dénués de figure inspirante est sans doute aggravée par l'étroitesse géographique : on ne quitte pas le Rohan, la Marche de l'Ouest et les Montagnes blanches.

Les personnages ne verront rien de l'Isengard, de Fangorn ou des Saillies de Dun. C'est bien dommage car entrapercevoir Saruman ou la couleur d'un Ent aurait sans doute pu donner plus de relief à ces aventures. En fait, seule une partie réduite du supplément Les Cavaliers du Rohan est utilisée et c'est à déplorer eu égard au résultat.

Pour sauver de ce naufrage Les Serments du Riddermark il n'y a bien que la présentation, toujours agréable, la traduction de Justine Niogret qui est de qualité, et des cartes commodes pour suivre les itinéraires très balisés. Ces quelques points positifs de côté, on n'a un recueil de scénarios qui est sans doute le gros faux pas de la gamme, par ailleurs très réussie, de l'Anneau unique.

Critique écrite en avril 2020.

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