Livre de 304 pages à couverture souple, format 14,5 x 20,5 cm (~ A5).
Le Maelstrom est un recueil d'articles et d'interviews de l'auteur de Sens. Pour certains, en particuliers ceux postés sur des forums de discussion, leur forme a été retravaillée pour offrir une meilleure accessibilité de son contenu au lecteur. Ensemble, ils présentent à la fois les visions et réflexions de l'auteur à propos du jeu de rôle et l'évolution de celles-ci entre 2006 et 2015.
Après des crédit et une dédicace (4 pages) l'ouvrage s'ouvre sur une Préface de Fabien Hildwein (8 pages). Il y défend l'intérêt d'une réflexion globale sur le jeu de rôle dans l'intérêt de l'évolution de sa pratique avant de présenter Romaric Briand et son travail remis en perspective avec le recul des années.
Dans l'Introduction (4 pages), l'auteur présente la démarche qui a donné naissance à la conception de cet ouvrage et l'ambition qu'il a envers celui-ci. S'ensuivent la série d'articles, classés par ordre chronologique. Le dernier mis à part, puisqu'il fut rédigé pour le présent ouvrage, chaque article débute par une présentation du contexte dans lequel il a été initialement rédigé.
Jeu de rôle et métaphysique (8 pages) est issus du forum Silentdrift. L'auteur s'y propose de démontrer que la pratique des jeux de rôle peut être un outil de recherche métaphysique.
Jeu de Rôle et Philosophie (10 pages), publié un an plus tard sur le forum de Casus NO, a pour objectif de montrer que le jeu de rôle est le média adapté à la pratique des réflexions philosophiques et métaphysique.
Issu aussi du forum Silentdrift, La Réification (16 pages) explique la démarche consistant en nommer un objet concret pour créer de nouvelles possibilités d'interactions. Il en donne ensuite une application concrète en jeu de rôle.
Joueur, Personnage et Simulacre (20 pages) est un article théorique originellement publié dans les colonnes de l'e-magazine Petit Peuple. L'auteur y tente de mettre en évidence que la séparation entre joueur et personnage n'est pas nette ou tranchée. Il en déduit le concept de simulacre qu'il présente par la même occasion.
Dans l'Entretien avec Vincent L. (16 pages), issu du site SciFi-Universe.com, l'auteur parle essentiellement de Sens alors encore dans sa première édition. Il y évoque aussi son militantisme pour la gratuité et le regard qu'il porte sur le jeu de rôle en France.
Dans le même esprit, Imagination en Danger ? Ma solution : la Gratuité (8 pages), publié sur le Blog de Sens, développe son point de vue de l'époque sur l'intérêt de détacher la création culturelle d'une démarche commerciale.
Publié un an plus tard sur divers forums, Du Gratuit au Payant (12 pages) revient sur les conclusions des deux précédents articles. L'auteur explique pourquoi il a dû se résoudre à abandonner la démarche promue par le précédent chapitre et passer à un autre modèle économique pour la nouvelle édition de Sens.
Entretien avec Khiguard (24 pages), pour l'Antre du Cercle du Dragon Noir, est l'occasion pour l'auteur d'évoquer la genèse et l'évolution de Sens et les raisons des choix opérés pour sa conception comme sa distribution. Il se termine sur son regard sur le monde du jeu de rôle (communauté, édition, ouvrages...).
Deuxième article issu des colonne de l'e-magazine Petit Peuple, Le Système du Jeu de Rôle (18 pages) est davantage théorique. L'auteur s’y efforce de faire la distinction entre le système du jeu et le système de résolution des actions du jeu.
Le Questionnaire de Coralie David (90 pages), publié plus de deux ans plus tard, est l'occasion pour l'auteur de dresser un bilan de son parcours, a fortiori depuis la fermeture de Silentdrift un an plus tôt.
Le Maelstrom (44 pages) est issu d'une réflexion entamée dans le précédent article sur le notion de fiction, Il tente d'affiner et théoriser l'idée de maelstrom et de contenu narratif malléable qui sont, pour lui, au cœur de la pratique du jeu de rôle. Il s'ensuit une Conclusion (8 pages) qui propose d'envisager l'idée d'établir le jeu de rôle comme matière scolaire pour sa capacité à développer la maîtrise d'un raisonnement collectif.
Les Références (8 pages) et la Table des Matières (3 pages) terminent l'ouvrage que complètent quelques pages blanches.
Cette fiche a été rédigée le 29 avril 2016. Dernière mise à jour le 8 mai 2016.
Je ne savais trop à quoi m'attendre en achetant cet ouvrage ; je me disais que j'allais me farcir la propagande d'un gourou du JdR, ou même ne trouver que de l'auto-promotion. En fait, j'avais en grande partie tort. Certes, il y a de l'auto-promo, mais c'est peu comparé à l'intérêt profond du livre.
Cet ouvrage est non seulement instructif mais en plus il propose une théorie tout à fait fascinante sur le jeu de rôle. Avant de continuer, je rappelle que Mister Briand est aussi un animateur d'une sorte de communauté de théorisation et de création de JdR indépendants active et, ma foi, franchement unique en France, qui comprend forum et podcasts audios. Elle est paradoxalement très fermée (entre les conditions d'accès en tant qu'auteur à leur forum et leurs références auto-centrées, parfois ignorantes de la production -excellente- de JdR traditionnels). Mais bon, malgré tout, je dois bien dire que la quasi totalité des podcasts, des débats de leur forum et des articles compilés ici est extrêmement intéressante pour moi -et, j'ose le dire, pour le milieu du JdR actuel en France.
L'ouvrage est curieusement composé, puisque c'est un recueil d'articles, d'interviews et autres fragments, dont une partie est trouvable gratuitement en ligne. Son intérêt réside dans cette édition en un seul endroit, et pensée comme un ensemble. C'est au final plutôt une bonne idée car la lecture est aisée et on peut piocher par petits bouts.
L'auteur décrit tout d'abord son cheminement de pensée (sa volte-face entre le modèle "tout gratuit" et le modèle "payant" classique est un exemple criant de réflexion constructive sur ses propres erreurs), la façon dont il en est venu -par des tâtonnements, des hauts et des bas, des succès- à la création et l'autopublication de son jeu, Sens. Combien ça coûte, combien la promotion coûte, etc.
Si vous n'avez pas lu Sens lui-même, ce n'est pas important. Le Maëlstrom va heureusement plus loin que l'auto-promo, et promeut avec conviction l'auto-édition : pourquoi c'est intéressant, pourquoi le modèle de l'édition pro n'est pas la seule manière d'envisager le jeu de rôle, pourquoi le public rôliste lui-même peut s'agrandir dans les années à venir (une vision radicalement différente de ce qu'on entend depuis longtemps : le JdR est condamné à mourir).
Le Maëlstrom offre ensuite une théorisation de l'expérience autour d'une table de JdR : le contenu fictionnel malléable. C'est tout à fait intéressant et cela m'a aidé à poser des mots et un raisonnement sur ce que je ressentais mais que je n'arrivais pas à exprimer. C'est à la fois simple et bien pensé.
Dans les côtés négatifs, je dirais que l'auteur semble ignorer un gros pan des publications rôlistes classiques et semble parfois vivre dans un petit monde fermé de jeux "indépendants", ce que je trouve dommage : cela limite à mon avis la portée de sa réflexion. Il explique que le système est important, qu'il influe sur le ressenti du jeu, qu'il doit renforcer ses thèmes, mais ne prend pas en compte les avis contraires, que l'on peut entendre de-ci de-là : non, le système n'est pas forcément important et certains auteurs (indés ou pas) n'apprécient pas que les règles forcent les joueurs vers quelque chose.
Puisque j'en suis là, étant membre du Grog, l'auteur critique notre site en disant qu'il est dommage que des jeux de rôle sans MJ ne soient pas fichés (à quelques exceptions près) car nous donnons l'illusion que seuls les jeux traditionnels sont de "vrais" JdR, en gros. Je vous laisse lire l'article en entier. À mon sens, il a complètement raison. C'est un point que nous devrions améliorer. Cette critique reste juste quand on voit les vidéos de présentation du JdR existantes, qui ne prennent pas en compte l'universalité des pratiques actuelles. J'ai moi-même initié des gens au JdR avec mes jeux Mantra (jeu sans dés, non traditionnel), Mantoid Universe (en impro sans scénarios) ou encore Chevalerie & Sodomie (aux thèmes adultes, pornographiques et borderlines), et l'expérience fut tout à fait concluante. Pas besoin de Pathfinder pour ça, en somme.
Côté forme, ce qui m'étonne toujours c'est que c'est un format roman : aucune illustration ni mise en page à l'intérieur, malgré la très belle et très évocatrice illustration de couverture. Dire qu'il a réussi à vendre des centaines d'exemplaires de son jeu Sens au même format ultra sobre relève d'un exploit dans un milieu de publication prompt à insérer des dizaines d'illustrations léchées, en couleur, sur papier glacé dans le moindre supplément. Là aussi, y'a matière à réfléchir, quand même !
Au final, je conseille d'acheter ce livre de toute urgence ; il est bien écrit, varié, et propose de très nombreuses réflexions sur tout un tas de sujets qui enrichiront votre vision du JdR. Même si vous n'aimez pas le courant indépendant ou leurs revendications, et si vous comptez écrire un jeu de rôle, lisez ce bouquin !
Critique écrite en novembre 2016.
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