Par Stephane 'Docteur Fox' Renard
Rubrique : Reportages
Date : 05 mai 2013
Sollicités par les organisateurs de l’espace JdR du Festival Alchimie du Jeu, nos courageux matelots toulousains n’ont pas hésité à affronter les feux de la rampe, à sortir de l’anonymat dans lequel leur renoncement absolu au service du grand navire qu’est le Grog les cantonne habituellement, pour porter la bonne parole du jeu de rôle aux masses ludiques ignorantes.
Ce sont donc Hervé et le Docteur Fox qui ont rejoint trois auteurs de jeux de rôle (Brand, Bob Darko et Sempaï) pour un plateau à cinq dont le thème était Le jeu de rôle, un loisir social créatif et durable. Face à un public nombreux et vivant, et en traduction simultanée en langue des signes, ils ont répondu à un feu nourri de questions passionnantes. Le public était très varié : hommes ou femmes, habitués ou juste curieux, jeunes ou âgés, ils n'hésitèrent pas à interroger les intervenants.
La conférence a commencé par une tentative de présentation du jeu de rôle à destination des néophytes présents dans la salle. Faire une partie de JdR, c’est se réunir pour imaginer collectivement des aventures dans un cadre imaginaire, utiliser un système de règles qui assure la cohérence/crédibilité par rapport à un univers donné. Il y a généralement un meneur de jeu (MJ) qui est l’arbitre et le garant de la crédibilité de l’histoire. C’est lui qui vient avec une trame pré-construite, appelée scénario, sur laquelle les joueurs vont improviser. Mais les règles ne sont là que pour être ignorées si la dynamique de groupe ou l’histoire l’exigent.
Nous parlons ici de présentation, non de définition car deux des auteurs présents étaient opposés à l’idée d’enfermer le JdR dans une définition. Nous avons donc insisté sur la diversité des façons de concevoir ou de jouer le jeu de rôle. D’ailleurs la discussion donna l’occasion de dépasser cette première présentation puisque le public posa des questions nombreuses sur les nouvelles façons de jouer avec plusieurs MJ, des meneurs tournants, etc.
Les présentateurs apportèrent de nombreux témoignages sur le plaisir renouvelé du jeu, nos deux matelots en particulier ayant commencé à jouer il y a plus de 30 ans. Un autre thème longuement abordé fut les conseils pour réussir une partie de JdR : la confiance pour les joueurs, l’écoute de part et d’autre, l’attention du MJ à créer un vrai esprit de groupe. Les intervenants ont aussi largement insisté sur le côté social du jeu, sur l’envie de se revoir, sur l’amitié qui se créait parmi ceux qui partagent des aventures.
Plusieurs personnes du public étaient malentendantes, d’où la présence du traducteur. Il fut d'ailleurs remarqué pour sa dextérité : ses mains n'étaient pas inertes ou rangées dans ses poches, loin de là ! Le parallèle avec l’apprentissage de la langue des signes fut évoqué et discuté, en particulier, la timidité initiale de certains pratiquants de ce langage manuel à s’exprimer en public, et le parallèle possible avec la difficulté du débutant en JdR à s’exprimer dans le groupe. Plusieurs exemples donnés par les conférenciers montrèrent qu’une telle expérience pouvait être formatrice et amener les joueurs à sortir de leur timidité initiale.
L'ouverture de la manifestation aux malentendants était très intéressante et a montré que ces derniers étaient présents et demandeurs. Une de ces personnes est d'ailleurs intervenue plusieurs fois par l'intermédiaire du traducteur. Comme cela a d'ailleurs été évoqué au cours de la conférence, il est à espérer que cette initiative se retrouve à d'autres conventions, voire à des tables de JdR. Des initiatives ont déjà été menées avec succès pour intégrer des personnes malvoyantes à des parties. Avec un peu de préparation et d'ouverture d'esprit, des malentendant(e)s pourraient en faire autant sans grande difficulté.
Ce fut donc une expérience enrichissante, certainement à renouveller car les thèmes à aborder sont bien plus nombreux qu’on ne pense. La conférence, prévue pour durer une heure et demie, s'est étalée sur deux heures et certains avaient encore des questions à poser... qu'ils exprimèrent parfois en privé après la conférence. Rendez-vous l’année prochaine ?