J'ai commencé à essayer d'écrire quand j'avais neuf ans, tout en cherchant un monde dans lequel vivre où j'avais plus de possibilités et d'espoir que celui dans lequel je vivais. Beaucoup d'auteurs ont une histoire similaire à raconter. Il y a des auteurs qui ont expérimenté bien pire que ce que j'ai eu et ai encore, et des auteurs qui ont connu bien mieux. Mes premiers souvenirs de lecture de fantasy, le genre dans lequel j'écris le plus souvent, sont de "Carbonel : the King of Cats" et "Half-Magic". J'avais à peu près dix ans et nous vivions assez près d'une petite bibliothèque locale pour que je puisse y aller en marchant. Ça aurait dû être sans aucun risque, à part que j'étais une enfant blanche et solitaire qui vivait dans un quartier noir de Los Angeles. Alors contrairement à la plupart des écrivains, j'ai appris à me défendre jeune.
Quelques mois avant mes treize ans nous avons déménagé dans un quartier qui était à peu près un tiers blanc et deux tiers hispanique. Il n'y avait aucune bibliothèque à portée et je n'avais jamais été en librairie. Mon contact avec les livres fut à ce moment sévèrement limité à ce qu'on pouvait trouver dans un grand magasin. Le magasin May Co. comportait des romans Terhune des Collies Sunnybank et les livres de l'Etalon Noir de Walter Farley. Encore une fois un accès limité car ma famille était de la classe ouvrière et les livres à couverture rigide étaient chers. Cependant, de l'autre côté de la rue vivaient une tante et un oncle qui avaient un nombre de livres incroyable (pour moi à l'époque) qui attendaient juste qu'on les lise : les tragédies grecques, les russes, (dont Nicolas Gogol est devenu mon préféré) et Shakespeare. Je n'ai pas lu d'autre roman de fantasy entre douze et dix-huit ans, jusqu'à ce que je découvre Tolkien et puis Howard, qui tous deux m'ont frappé comme un éclair. La fantasy venait tout d'un coup de devenir légitime dans mon imagination, bien que ce ne fut pas le cas pour la famille. La tante à qui j'ai montré mes textes m'a dit d'arrêter d'écrire de la fantasy : si je devais écrire, du classique était plus acceptable.
Influences familiales
Mon expérience personnelle colore mes textes, mes attitudes, mes perceptions, et je m'en sers pour créer ma fiction. Aussi une note sur le côté personnel est appropriée ici.
Le lien parental s'est fait avec Mama et Papa (en anglais dans le texte - NdT) qui m'ont élevée, mes grands-parents, et pas avec ma mère qui entrait et sortait de ma vie à intervalles comme une grande soeur odieuse, ou mon père né Allemand avec lequel j'ai eu trois rencontres déplaisantes (nous ne nous sommes pas parlés depuis 1984) et qui pourrait être mort à l'heure actuelle pour ce que j'en sais. Mama et Papa m'ont donné de l'amour et de la tolérance, des pistolets d'enfant, des trains électriques, une série complète de camions Tonka, et tous les jouets pour garçon que mon coeur désirait. Ils trouvaient aussi que c'était drôle quand, chaque fois que nous déménagions dans un nouveau quartier, les garçons du coin me demandaient si j'étais un garçon ou une fille. Sacrée plaisanterie.
Chaque fois que ma mère se disputait avec mon premier beau-père ou qu'il partait en mer, comme il était officier de marine, elle arrivait chez nous avec mes deux demi-frères et commençait le processus d'essayer de me retransformer en fille. Cela créait pour moi une pénible dichotomie car je m'étais toujours vue comme un garçon. Cela arrivait chaque fois qu'il n'y avait personne pour le lui rappeler. Des poupées et robes Barbie, des livres Nancy Drew, que je jetais à la poubelle, créant un schéma de courir-cacher-réfléchir ; et puis sortir et donner une claque aux trous du cul. Mais plus important encore, cela posa les bases dans mon subconscient de ce qui allait réapparaître au début de l'âge adulte dans le croisement de genre/sexe de mes personnages, cultures et attitudes.
Fouette-les avec un crayon
A huit ans, 1962, mois de septembre, arriva l'événement qui allait vraiment commencer mon premier modelage comme écrivain. Je me souviendrai toujours du mois parce que c'était le mois avant mon huitième anniversaire : j'ai eu la polio. La première année où je ne pouvais pas du tout marcher et me déplacer en marchant contre le mur car cela n'affectait qu'une jambe. Le côté gauche. J'ai eu de la chance. Ça aurait pu être pire. Je me souviens avoir eu une trouille bleue quand la jambe s'est arrêtée de fonctionner et m'a laissé à ramper sur le sol. Mama se reposait avec une mauvaise migraine, j'étais dans le salon et il faisait de plus en plus sombre et je ne pouvais pas atteindre l'interrupteur parce que je n'arrêtais pas de tomber. Les sentiments et souvenirs de l'obscurité du salon qui se refermait sur moi seront toujours là. La polio était une réaction au vaccin. Techniquement je dépendais de la marine, mais mon beau-père ne voulait pas que Mickey m'emmène à la base pour voir un docteur car il pensait que je simulais pour qu'on s'occupe de moi, à part que tout le côté gauche était comme de la glace et il a toujours tendance à être ainsi. J'ai fini à un hôpital du comté et alors que j'étais là-bas Mama m'a donné un coûteux stylo en argent et une boîte de crayons avec cette exhortation : Fouette-les avec un crayon. J'ai interprété cela comme écrire des livres et avoir de bonnes notes.
Mentor
J'ai écrit mon premier roman à dix-huit ans, "The Moonstone of Reyanon". J'ai emmené avec moi un stylo et un bloc de papier pendant des années alors que je travaillais dessus. J'avais tout le temps peur que des gens découvrent ce que je faisais, de crainte qu'ils ne se moquent de moi. Si on me demandait, je disais que je travaillais à un projet secret. Enfin, l'ayant achevé, je le mis de côté pour d'autres essais d'écriture. Je ne pensais pas encore qu'il était bien et je souhaitais désespérément un mentor, quelqu'un à qui je pourrais permettre de le voir sans crainte. Je suis allée à l'école universitaire locale et j'ai travaillé par intervalles. Je vivais avec Mama et Papa et je passais beaucoup de temps à les conduire et à leur faire les courses ainsi qu'à d'autres membres âgés de la famille. Un jour j'ai vu cette publicité pour cette école de New York réservée aux femmes et sans réfléchir j'ai envoyé mon roman avec ma demande au service des inscriptions. J'ai eu un appel tant du chef des inscriptions que du président de l'école, me demandant de venir. Je trouvai là mon mentor, Paul Kane, qui était poète à domicile. J'ai plus appris de lui que pendant tout le reste de ma vie. Paul est parti pour une bourse Guggenheim en 1998. Nous sommes encore en contact.
Auteur édité
Un an après j'ai vendu ma première histoire, "The Ruined Tower", à Jessica Amanda Salmonson. "Moonstone" fut vendu à Donning/Starblaze, un petit éditeur avec une bonne réputation. Puis est venu "Amazons !" également édité par Jessica. Cinq histoires à propos de Chimquar the Lionhawk ont été imprimées en moins de deux ans. Puis des affaires personnelles sont intervenues et je suis passée de la fiction à la rédaction, le journalisme et le travail freelance. J'ai maintenant une collection des histoires de Chimquar chez Wildside Press et la boucle est bouclée dans ma vie à nouveau. Je me sens bien.
Je me suis mise à écrire pour des magazines et livres de jeu en 1981. Tout ce que j'ai fait fut de vendre un article à Sorcerer's Apprentice sur les amazones et un texte dans le Citybook II.
Je suis avant tout une auteur de fiction. Les seules parties de jeu sérieuses que j'ai faites sont des parties de Warhammer et de jeux sur ordinateur.
Traduit (août 2008), pour la majeure partie, d'après le site de l'auteur, avec son aimable autorisation.
Cette bio a été rédigée entre le 8 mai 2000 et le 8 mai 2009. Dernière mise à jour le 21 octobre 2022.